Lutte contre les Violences Basées sur le Genre : Le Forum des Femmes pour la Femme et l’Enfant mobilise les acteurs impliqués autour d’un Café Genre
Le Forum des Femmes pour la Femme et l’Enfant a organisé le 27 décembre 2023, à Lomé, un café genre autour du thème : « Tous unis contre les VBG : Prévenir et éradiquer les violences à l’égard des femmes et des filles au Togo ».
Cette rencontre qui a réuni les acteurs institutionnels et de la société civile intervenant sur la thématique du genre et les VBG, a pour objectif d’une part, de renforcer l’engagement des parties prenantes et la coordination des actions pour l’égalité de genre en vue de bâtir des sociétés plus justes et égalitaires pour un développement durable.
D’autre part, l’activité vise à assurer un impact réel de l’engagement et de lutte contre les violences basées sur le genre à l’encontre des femmes et des filles. Elle recherche l’implication et l’action concertée de tous les acteurs possibles : organisations de la société civile, gouvernement, associations, partenaires techniques et financiers, secteur privé, médias, etc.
En effet, les violences, quel que soit leur nature (sexuelles, physiques, morales, économiques, émotionnelles, psychologiques, cyber harcèlement ou autres), constituent des violations graves des droits humains les plus répandues dans le monde et sont des manifestations iniques des inégalités sociales entre les hommes et les femmes à ce 21ème siècle.
Selon une étude menée par le Réseau des femmes élues locales d’Afrique, quatre femmes sur dix, soit 40% en Afrique de l’Ouest et près de six femmes sur neuf, soit 65% en Afrique Centrale, sont victimes de violences basées sur le genre.
Selon la Banque Mondiale, l’impact économique de la perte de productivité résultant de la violence sexiste dans certains pays, peut atteindre 3,7% du Produit Intérieur Brut.
Au Togo, selon les données des centres d’écoute et de prise en charge des victimes de violences basées sur le genre, au total 9529 cas de violences sur les femmes et les hommes ont été enregistrés sur la période 2019, 2022, soit en moyenne 2382 cas de violences par an.
Ce chiffre reste en dessous de la réalité car, beaucoup de cas de violences restent méconnus à cause du silence et de l’inculture de la dénonciation qui sont légion dans les communautés.
Pour prévenir et éradiquer ce fléau, le Forum des Femmes pour la Femme et l’Enfant a initié une rencontre dénommée « Café Genre » qui est à sa troisième édition.
Ce « Café Genre constitue un cadre de dialogue et de partage d’expériences et de bonnes pratiques en termes de lutte pour la réduction des inégalités de genre, de lutte contre les VBG et de prise en charge des survivantes.
Pour cette troisième édition, il s’est agi, au cours des travaux, de faire l’état des lieux des efforts consentis par le Togo dans le cadre de l’égalité de genre et la lutte contre les VBG ; partager diverses expériences et mettre en lumière les actions menées par les organisations pour l’égalité genre et la réduction des VBG ; identifier les défis et les solutions innovantes pouvant permettre d’accélérer la réduction des inégalités de genre et des VBG en débouchant sur un plan d’action partagé ; et de proposer des mécanismes pour améliorer le dialogue entre les organisations et l’Etat, entre les organisations et les partenaires techniques et financiers, à travers la mise en place d’un cadre approprié.
En ouvrant les travaux, le représentant du ministre de l’Action Sociale, de la Promotion de la Femme et de l’Alphabétisation, le directeur de cabinet, M. Ferdinand Koffi Gani, a indiqué que dans le souci d’assurer un environnement plus protecteur aux personnes vulnérables en général et aux femmes, aux filles et aux enfants en particulier, le gouvernement a entrepris plusieurs initiatives dont entre autres, le renforcement du cadre juridique à travers l’adoption du code des personnes et de la famille, le code de l’enfant, le nouveau code pénal et, tout récemment, la loi portant protection des apprenants contre les violences à caractère sexuel.
Sur le plan institutionnel, l’on peut ajouter citer la mise en place des lignes vertes « 8284 » pour signaler les cas de violences basées sur le genre « 8250 » pour les violences en milieu scolaire et « 1011 » pour la protection des enfants. L’on note également la création des centres d’écoute pour la prise en charge des victimes de violences basées sur le genre, la construction des maisons de la femme, des maisons de justice, des centres intégrés de prise en charge des victimes des violences basées sur le genre dénommé « One Stop Center », et des centres de prise en charge des enfants victimes de violences, a-t-il ajouté.
M.Gani a aussi laissé entendre que pour une prise en charge holistique des victimes des VBG, le gouvernement a élaboré au cours de cette année 2023, un protocole qui est un document de référence en matière de prise en charge complète qui permet de garantir la cohérence, la traçabilité, la continuité et la synergie d’actions dans le cadre des prestations fournies.
« L’avantage d’un tel outil, c’est qu’il est l’émanation d’une approche inclusive et participative, et fixe le cadre méthodologique de prise en charge des victimes et permet aux différents intervenants des secteurs de l’action sociale, de la santé, de la justice et de la sécurité de disposer d’un outil de référence pour l’harmonisation des démarches et des pratiques dans la délivrance des prestations en faveur des victimes de violences. C’est un outil qui se veut préventif mais aussi curatif », a-t-il fait savoir.
Il a saisi cette occasion pour témoigner la gratitude du ministère au Président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé pour toutes les mesures prises par le gouvernement en faveur de la femme, de la fille et de l’enfant, en lien avec l’axe 1 de la feuille de route gouvernementale 2025 qui renforce les mécanismes d’inclusion et d’harmonie sociales et en garantit la paix pour tous.
« Un changement de paradigme s’impose, dans l’approche de la lutte pour l’égalité en matière de genre, notamment sur le volet des VBG. La conduite de cette transition dans le format de la lutte implique d’une part, l’impératif d’une réflexion complète et d’autre part celui d’une synergie d’action. Telle est la double mission que nous assignons à la troisième édition de nos rencontres Café Genre. Le concept en lui-même, c’est depuis les premières éditions, présentées comme, cadre de dialogue et de partage d’expériences et de bonnes pratiques en termes de lutte, pour la réduction des inégalités de genre, de lutte contre les VBG, et de prise en charge des survivantes. A travers cette troisième édition, dont nous avons l’honneur de procéder, à l’ouverture, qui exprime à la fois une projection et un programme d’action, nous recherchons clairement l’implication et l’action concertée de tous les acteurs », a déclaré Mme Molgah Abougnima-Kadjaka, membre du Forum des Femmes pour la Femme et l’Enfant.
Il faut souligner qu’au cours de ce « Café Genre », il a été lancé la Grappe des Organisations Féministes du Togo (GOFT) dont les objectifs consistent entre autres, à réunir les acteurs engagés en faveur de l’égalité-genre et de la lutte contre les VBG au Togo dans un cadre reconnu, capable de répondre de façon coordonnée aux questions liées thématiques ; initier des actions de lutte pour le respect des droits des femmes, des filles et des enfants ; vulgariser les textes législatifs et juridiques sur les droits des femmes, des filles et des enfants ; mener les plaidoyers auprès des autorités compétentes et des partenaires techniques et financiers pour améliorer le cadre légal et réglementaire ou la mise en œuvre des textes afin d’accélérer l’égalité-genre et éradiquer les VBG ; améliorer la collaboration entre organisations de la société civile (OSC), les gouvernants et les partenaires techniques et financiers sur ces thématiques ; susciter des rencontres périodiques d’échange entre les OSC ; et renforcer les capacités des regroupements d’OSC membres de la GOFT.
ALI