Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme: Le GIABA met à contribution les professionnels de médias
Le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) a organise, du 20 au 21 mars 2024, à Lomé(Togo), une journée de sensibilisation des journalistes et une mission de plaidoyer auprès des médias togolais.
Cette rencontre vise à exploiter le potentiel des médias pour accroître la sensibilisation sur les questions de lutte contre le blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme (LBC/FT) ; à créer une alliance avec les journalistes pour une meilleure diffusion de l’information sur les dispositifs de LBC/FT et sur les missions du GIABA ; à accroître l’intérêt des responsables des médias sur les questions relatives aux crimes économiques et financiers et le rôle qui est le leur ; d’assurer la liaison avec les médias pour éduquer la population sur l’impact négatif du BC/FT ; et à susciter l’intérêt du public à soutenir les efforts menés par le GIABA.
Désormais, le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) entend faire des médias, des acteurs de liaison pour éduquer la population sur l’impact négatif du BC/FT et ainsi accroitre la sensibilisation les questions de lutte.
A cet effet, les journalistes présents au séminaire de sensibilisation ont échangé sur les nouveaux développements de la criminalité transnationale organisée, ainsi que les dispositions à prendre pour faire face à ces nouvelles tendances émergentes. L’objectif étant d’amener les médias à contribuer au renforcement de la paix et de la cohésion sociale.
Le représentant de la ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, le directeur de cabinet, M. Franck Missité, a, à l’ouverture des travaux, réitéré l’engagement du Togo en faveur de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Selon lui, cet engagement se traduit par l’adéquation du cadre juridique togolais avec les standards internationaux de planification.
Pour M. Missité « les médias jouent un rôle de prime importance dans les différents domaines de la vie économique, contemporaine, que ce soit dans les domaines éducatif, culturel, économique ou de la sécurité. Des études ont démontré que les médias se sont imposés comme l’un des pans importants de l’ère moderne et comme un moyen efficace dans le développement de la conscience collective des peuples et des sociétés. Les médias sont la principale source d’informations sur la criminalité et la sécurité à laquelle ont accès les populations. La couverture médiatique des affaires de criminalité peut contribuer à l’élaboration des politiques préventives et répressives ».
A titre d’exemple, il a évoqué plusieurs études qui montrent que les campagnes de sensibilisation médiatiques sur la traite des personnes, les abus sexuels commis sur des enfants, les violences à l’encontre des femmes, ainsi que des enfants ont contribué aux succès des initiatives de prévention de ces crimes.
La représentante du directeur général du GIABA, Mme Régina Tiensbandé Bandé, a fait remarquer que l’espace ouest-africain reste miné par divers fléaux dont le BC/FT, traduits à travers diverses infractions sous-jacentes.
« Au Togo, les différents rapports d’évaluation dans le domaine font ressortir que les fonds blanchis proviennent généralement de l’escroquerie, la fraude fiscale, la corruption, le trafic de stupéfiants, la traite des êtres humains, le trafic illicite de migrants, le trafic d’animaux et la contrebande transfrontalière de l’or », a-t-elle indiqué.
Selon elle, le 2e Rapport d’Evaluation Mutuelle (REM) sur la conformité et l’efficacité du dispositif LBC/FT mentionne que « le Togo a pris les mesures nécessaires pour intensifier, évaluer et comprendre les risques de BC/FT auxquels il est exposé, conformément aux exigences de la loi sur la LBC/FT ».
Mme Bandé a salué les progrès incessants et les multiples efforts soutenus du Togo dans la LBC/FT, pour répondre aux enjeux des standards internationaux qui s’appuient sur la nouvelle méthodologie d’évaluation du Groupe d’Action Financière (GAFI.
« Cependant, les insuffisances font état de l’absence de données statistiques spécifiques aux actifs virtuels (AV) et Prestataires de Services d’Actifs Virtuels (PSAV) à la criminalité environnementale et à la piraterie maritime, au regard du contexte de risques du pays, impacté négativement. De plus, les résultats de l’Evaluation Nationale des Risques (ENR) soulignent une appropriation limitée par les autorités compétentes, entrainant ainsi leur compréhension mitigée des risques de BC/FT. Cela nous interpelle tous à la recherche permanente de la conformité technique, mais également et surtout à l’efficacité du dispositif du LBC/FT. les défis à relever par le Togo sont divers et passent par la mobilisation, la sensibilisation et la formation de l’ensemble des acteurs de tous les secteurs, pour alligner le pays aux standards internationaux en matière de LBC/FT et assurer l’intégrité de nos économies nationales et régionales », a-t-elle relevé.
Pour le président de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), El-Hadj Tchaa Bignossi Aquiteme, plusieurs activités criminels gangrènent l’Afrique.
« Le crime organisé se cache derrière les images terribles des milliers de personnes qui périssent en méditerranée, la route migratoire la plus meurtrière à travers le monde. On le retrouve aussi derrière la tragédie des Africaines, les femmes et les jeunes filles, reduites en esclavage ou domestiques. Mais aussi, des brouteurs des réseaux notoires de cybercriminels qui écument les cybercafés de certaines grandes villes en Afrique, semant la tragédie de l’autre côté de la ligne. Le trafic de drogue et des produits psychotropes n’est donc pas la seule activité commerciale lucrative des organisations criminelles. Il existe bien d’autres activités telles que la contrebande, la contrefaçon des marchandises et surtout de produits pharmaceutiques, le vol d’antiquités, la piraterie maritime, la sous-évaluation des marchandises à l’importation, le délit d’initié, etc qui aboutissent à l’acquisition des ressources illicites et, du coup, au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme », a expliqué M. Aquiteme.
Pour rappel, le GIABA est une institution spécialisée de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), créé en 2000. Il est une réponse et la contribution de la CEDEAO à la lutte mondiale contre la criminalité transnationale organisée, en particulier le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme et les infractions sous-jacentes.
ALI