ECONOMIE

Togo : Le GIABA sensibilise les leaders religieux sur leur rôle dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme

Un séminaire national de sensibilisation des leaders religieux du Togo sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) s’est ouvert ce 28 octobre 2025, à Lomé

Organisée  par le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), cette rencontre de deux jours a pour objectif de renforcer la compréhension des participants sur la LBC/FT, encourager la coopération avec les autorités pour détecter la radicalisation, développer un discours religieux prônant la paix et la cohésion sociale, et soutenir la mobilisation des institutions religieuses pour la cohésion nationale.

L’Afrique de l’Ouest est confrontée à une recrudescence de la cybercriminalité, du trafic de drogues et d’êtres humains, de la corruption, ainsi qu’au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme (BC/FT). Ces menaces, qui dépassent les frontières nationales, compromettent la paix, la stabilité et le développement durable des États membres de la CEDEAO.

La région du Sahel est particulièrement touchée : selon l’édition 2025 de l’Global Terrorism Index de l’Institute for Economics & Peace, elle a concentré 51 % des décès liés au terrorisme dans le monde en 2024, contre 48 % en 2023, et 19 % de tous les attentats terroristes mondiaux.

Bien que relativement épargné jusqu’ici par les attaques de grande ampleur, le Togo fait face à une menace croissante d’extrémisme violent le long de sa frontière nord avec le Burkina Faso.

Depuis 2021, plusieurs incidents sécuritaires ont été signalés dans la région des Savanes, incitant les autorités à renforcer prévention, surveillance et sensibilisation communautaire.

Les évaluations de la CENTIF-Togo ont également identifié des vulnérabilités liées à la corruption, la fraude, la contrebande, le trafic de drogues et la criminalité financière, dont les produits peuvent financer des réseaux criminels ou terroristes.

Dans ce contexte, la  contribution des leaders religieux dans la lutte contre ces menaces s’avère nécessaire.

C’est ce cadre que le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) organise du 28 au 29 octobre 2025 à Lomé (Togo), un Séminaire national de sensibilisation des leaders religieux du Togo sur la LBC/FT sur le thème : « Le rôle des chefs religieux dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ».

Cette initiative s’inscrit dans le plan stratégique 2023-2027 du GIABA, qui souligne l’importance d’inclure les acteurs communautaires et religieux dans la lutte contre le crime organisé et l’extrémisme violent, et contribue à la Vision 2050 de la CEDEAO, pour une Afrique de l’Ouest pacifique, résiliente et prospère.

Ainsi, pendant deux jours, à travers des exposés, des études de cas et des ateliers interactifs, les participants seront invités à : comprendre les mécanismes et enjeux du BC/FT ; identifier des stratégies de prévention et de sensibilisation adaptées à leurs communautés ; promouvoir le dialogue interreligieux et la tolérance ; et contribuer activement à la lutte contre les crimes financiers et économiques.

En ouvrant les travaux, le représentant du ministre de l’Administration Territoriale, de la Gouvernance Locale et des Affaires Coutumières, le secrétaire général, M. Koudjoou Esso, a relevé les actions notables de résilience et de lutte contre le terrorisme et son financement, contre le crime organisé et le blanchiment de capitaux que mène le gouvernement togolais, sous la haute impulsion du Président du Conseil.

« En effet, déjà en 2013, parlant du terrorisme à la tribune des Nations Unies, le Pré sident du Conseil Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, invitait la communauté internationale à une action globale en déclarant qu’« il s’agit bien d’une des menaces les plus préoccupantes de notre temps. Seule une ré ponse plurielle, qui n’est plus étroitement militaire, permettrait de contenir les groupes de criminels et de narcoterroristes ». Cet engagement politique manifeste a été réaffirmé avec l’organisation à Lomé le 30 juillet 2018, du sommet conjoint des chefs d’Etat et de gouvernements de la CEDEAO et de la CEEAC sur la paix, la sécurité, la stabilité et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Et plus récemment, la tenue dans notre capitale du 11 au 12 octobre 2025, du forum sur la paix et la sécurité, forum au cours duquel le Président du Conseil a invité tous les pays africains à « être les acteurs principaux de notre propre sécurité ». Ce forum sera suivi de la participation du Togo au sommet des chefs d’État et de gouvernement du Processus d’Aqaba sur la crise sécuritaire en Afrique de l’ouest, tenu le 15 octobre 2025 à Rome en Italie », a-t-il indiqué.

Pour M. Esso, la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme n’est pas uniquement l’apanage des forces de défense et de sécurité, des autorités d’enquête et de poursuite, des assujettis du système financier et des tribunaux, mais aussi des organisations religieuses.

« Toutes les religions confondues, condamnent à l’unanimité, l’injustice, l’abus, la corruption et la violence. Une sagesse nous rappelle que la religion doit faire partie de la solution et non du problème. C’est pourquoi, hommes et femmes de foi que vous êtes, votre rôle ne se limite pas qu’aux prêches, il va au-delà et s’étend à l’exemplarité. En tant que gardien de l’intégrité, vous devez refuser l’instrumentalisation par l’idéologie et par l’argent, pour servir d’outil de protection de vos communautés par le discernement spirituel. Sensibiliser et éduquer les communautés sont vos missions naturelles car vos paroles sont puissantes, elles protègent les consciences contre les dérives et vos enseignements rappellent que la source de l’argent compte autant que son usage, qu’un don qui détruit la paix n’est plus une offrande mais une arme. Vos communautés, vos lieux de prière et de culte doivent demeurer des havres de paix et non des passerelles pour des flux financiers illicites », a-t-il laissé entendre.

Le représentant du directeur général du GIABA, M. Timothy Melaye, a signifié que ce siminaire vise à fournir aux participants une vision claire des enjeux et des opportunités, à travers des sessions consacrées au rôle du GIABA, aux risques spécifiques aux organisations religieuses et à la promotion de la coexistence pacifique. Il s’agit de partager les expériences, de renforcer les capacités et de définir ensemble des stratégies concrètes pour agir efficacement, tant au niveau communautaire que national, a-t-il ajouté.

Il a salué les efforts soutenus du gouvernement togolais, et en particulier ceux du Ministère de l’Administration territoriale, de la Gouvernance locale et des Affaires coutumières, pour son engagement constant dans cette lutte.

« Grâce à ses initiatives, les dispositifs de prévention et de surveillance ont été renforcés, et la coopération avec les leaders religieux a permis de sensibiliser efficacement les communautés aux risques de radicalisation et d’activités financières illicites. Ces actions démontrent que l’alliance entre autorités publiques et acteurs religieux constitue un levier stratégique pour promouvoir la sécurité, la cohésion sociale et la résilience de nos communautés face aux menaces actuelles »,a-t-il relevé.

M. Melaye a également féliciter la CENTIF-Togo pour son rôle déterminant dans cette lutte.

« Par ses activités de collecte et d’analyse des informations financières, ainsi que par sa coopération étroite avec les autorités nationales et régionales, la CENTIF contribue activement à la prévention et à la détection des flux financiers illicites. Son engagement à sensibiliser les acteurs économiques, les institutions financières et les communautés religieuses illustre parfaitement l’importance de la mobilisation collective pour protéger le Togo et ses citoyens contre les risques liés au BC/FT. Je souhaite également souligner les progrès significatifs réalisés par le Togo dans ce domaine. Depuis l’évaluation mutuelle menée par le GIABA en 2022, le pays a renforcé son cadre juridique, amélioré les capacités de la CENTIF et développé des mécanismes efficaces de coopération entre institutions publiques, acteurs économiques et communautés religieuses. Le déploiement de programmes de sensibilisation et de formation, ciblant les secteurs vulnérables et le grand public, témoigne de l’engagement du gouvernement à sécuriser l’espace financier national et à protéger les citoyens contre les activités illicites. Ces avancées constituent des jalons importants dans la construction d’un Togo plus sûr et plus résilient face aux menaces de BC/FT », a-t-il fait savoir.

Pour le président de la CENTIF-Togo, El-Hadj Tchaa Bignossi Aquiteme, ce séminaire a pour ambition de consolider un partenariat de confiance entre les institutions publiques et les communautés religieuses, dans le but de renforcer la vigilance collective face aux menaces de blanchiment de capitaux, de financement du terrorisme, d’extrémisme violent et de radicalisation.

Il s’agira d’explorer ensemble les signaux d’alerte, les mécanismes de prévention, et surtout les moyens d’action concertée pour barrer la route à ceux qui cherchent à semer la haine ou la violence au nom d’idéologies contraires aux valeurs morales, a-t-il ajouté.

En sa qualité de Correspondant National du GIABA, il a exprimé sa profonde reconnaissance à l’ensemble des partenaires techniques et institutionnels qui accompagnent ce processus de sensibilisation.

ALI

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